Présidence "normale" = concours de surplace
C'est vrai, par son inclination au mouvement, Nicolas Sarkozy a pu désorienter certaines personnes. De nombreuses initiatives, dont certaines nécessitaient d'être affinées voire modifiées, des idées en pagaille, un souhait profond et sincère de moderniser et de réformer la France... le volontarisme au sommet de l'Etat dans une période de crise historique qui, loin de susciter un quelconque découragement, entraînait au contraire une vigueur sans cesse renouvelée.
A l'issue de cette période d'effervescence, un style qui se voulait nouveau a pris le relais du pouvoir : une présidence "normale" incarnée par un chef de l'Etat "normal" auprès duquel devait oeuvrer un gouvernement "normal". Tout devait bien se passer, normalement !
Le seul petit "hic", c'est justement la période que nous traversons. Celle-ci n'est pas normale; elle est exceptionnelle. La gravité de la crise économique, financière et budgétaire, les turbulences de ce monde nouveau qui nous surprend chaque jour davantage, la volonté de nombreux hommes et peuples d'accéder à un niveau de vie et de liberté comparable au nôtre, la peur du déclassement qui affecte particulièrement les plus jeunes, le fait religieux qui, dans certaines de ses expressions, inquiète bien plus qu'il rassure... tous ces sujets, parmi d'autres, surajoutent à l'anxiété et aux interrogations ambiantes.
En guise de réponse à ces défis, président et gouvernement normaux créent des commissions et autres groupes de travail dont la réflexion est censée apporter des pistes avant que des décisions soient prises. Ou pas. Avec le Président Hollande, les comités "Théodule" ont de l'avenir. Le Général de Gaulle en parlait il y a cinquante ans déjà, à travers sa célèbre formule : "(l)'essentiel pour moi, ce n'est pas ce que peuvent penser le comité Gustave, le comité Théodule ou le comité Hippolyte, c'est ce que veut le pays".
Or, ce que veulent les Français, c'est un cap, une direction permettant à la France de retrouver le chemin de l'emploi, de la croissance, de la vertu budgétaire. Pas un président recroquevillé sur des concepts dépassés. Pas un premier ministre dans l'obligation permanente de calmer les ardeurs médiatiques contradictoires de ses ministres qui, fréquemment, s'expriment avant de comprendre et affirment sans connaître.
Dans l'action, l'erreur est toujours possible et, en tout état de cause, jamais absente. Mais avant tout, il faut agir pour redonner des couleurs à l'esprit d'entreprise, à la foi en l'avenir et à la conviction que la France a toute sa place dans ce monde qui change et ne nous attend pas.