Enjeux en jeu

Publié le par Julien Freyburger

Dans deux mois auront lieu les élections européennes. Quelques semaines de campagne et nos représentants au Parlement de Strasbourg seront désignés pour les cinq années qui viennent.

Pour l'heure, cette campagne s'est mise au vert et l'heure du débat électoral n'est pas arrivée si l'on en juge par la discrétion dont font encore preuve médias et listes en compétition. Il faut reconnaître que le contexte socio-économique n'est guère propice à un débat de qualité tourné vers l'échéance de juin.

La crise mondiale que nous traversons est cependant loin d'être la cause exclusive de ce manque d'intérêt. Malgré sa prégnance, elle n'est, en cette période électorale, qu'une raison de plus de ne pas se concentrer sur l'enjeu du moment.

La tendance réelle à confondre et amalgamer enjeux et sujets est source d'inquiétude du point de vue de l'efficacité de nos institutions car le risque est grand de ne pas répondre à la question posée. Or, les choix effectués en 2009 vont nous engager durablement.

Cette situation me rappelle, toutes proportions gardées, l'élection à la présidence de l'UMP mosellane de janvier. Je m'y suis présenté et j'ai perdu d'une courte tête face au député et maire de Sarrebourg Alain Marty. A cette époque, déjà, un autre enjeu était présent dans de nombreux esprits : la préparation des élections régionales. La confusion était telle que sans le comportement exemplaire des deux candidats (j'assume pleinement le choix de l'épithète), cet épisode aurait pu s'achever différemment, en l'occurrence moins bien.

Tout ceci concerne le Mouvement populaire mais il y a une profusion d'exemples qui émanent des autres formations politiques hexagonales...

Pour revenir à l'enjeu du moment, la blogosphère regorge de nombreux sites dits "politiques" qui n'abordent pas, ou très peu, le prochain rendez-vous européen. En revanche, que de commentaires et d'analyses sur celui ou celle qui pourrait aspirer à occuper le fauteuil de maire de Metz qui ne sera pas vacant avant 2014... Enjeu ou jeu ? A vous de choisir !

S'il en est un qui ne commet pas d'erreur en ce domaine, c'est bien Jean-Pierre Masseret, sénateur et président du Conseil régional de Lorraine. A en juger par l'exubérance communicationnelle de la majorité régionale, il faut se rendre à l'évidence : tous les moyens que confère l'institution lorraine en la matière sont tournés vers l'élection de 2010. L'homme affable qui préside aux destinées de notre Région n'en est pas moins un communicant d'exception, prêt à tout mettre en oeuvre pour préparer à sa manière le terrain de jeu électoral, faute d'avoir marqué de son empreinte l'action de la première assemblée régionale qui sort affaiblie de six années de tâtonnement. L'exécutif en place le sait bien, lui qui use d'expédients pour mieux masquer son modeste bilan.

Le jeu politique est ainsi sempiternellement tourné vers les prochains enjeux électoraux. C'est la règle en démocratie. Ne confondons pas pour autant savoir-faire et faire-savoir. Tout est question de priorités.

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