Le fond et la forme
Ces derniers jours, l'opposition au plan national a eu l'occasion de se réjouir de plusieurs "victoires" avec le rejet de la loi dite "HADOPI" et l'arrêt du Conseil d'Etat relatif au temps de parole présidentiel.
Un mot sur ces sujets, quitte à heurter (un peu) certains de mes amis de la Majorité présidentielle. Tout d'abord, rappelons à toutes fins utiles que le projet de loi "Création et Internet" a pour visée essentielle de lutter contre les modes de téléchargement illégaux des oeuvres via Internet. Ceci pour mieux protéger les artistes lésés par la multitude de sites à partir desquels il est loisible de télécharger films et chansons sans contrepartie. Intention au demeurant louable mais considérée par certains internautes comme attentatoire à leur liberté, entre autres arguments avancés au cours des débats.
Quant à la décision prise par la plus haute juridiction administrative, elle consiste à annuler une autre décision, prise par le Conseil supérieur de l'Audiovisuel celle-là, refusant par principe de prendre en considération le temps de parole du Président de la République et de le comptabiliser à raison du contenu du discours et des circonstances dans lesquelles il est prononcé.
Réservé sur le premier sujet, je ne peux en dire autant du second. Je comprends en effet le ressort de la jurisprudence décidée au Palais-Royal qui est avant tout... d'ordre juridique. Faut-il s'en étonner ? Sûrement pas. En pratique, sans pour autant préjuger des travaux du CSA sur le sujet, cette évolution est probablement une conséquence supplémentaire du quinquennat et du profond changement de régime qui en résulte. Affaire à suivre, donc !
Arrêtons-nous un instant sur l'attitude du parti socialiste en ces circonstances. D'un côté, nous avons pu apercevoir des députés dissimulés au fond de l'hémicycle sortir au moment opportun tels des diablotins de leur boîte. Tout cela pour se réjouir comme des gamins du mauvais tour fait au gouvernement. De grands enfants, on vous dit ! De l'autre, a été célébré le retour de François Hollande sur la scène médiatique qui considère la décision prise par la Haute Juridiction comme un événement historique. Pas totalement faux mais quelque peu anachronique dans la période actuelle...
Plus fondamentalement, il serait judicieux de la part du principal parti d'opposition qu'il se décide enfin à remplir son rôle et à faire son travail. La politique des "coups" ne peut durer éternellement si l'on éprouve ne serait-ce qu'une once de considération pour le débat démocratique.
Or, force est malheureusement de constater que face à une majorité présidentielle loin d'être irréprochable mais particulièrement active et imaginative, sincèrement désireuse de "faire bouger les choses", on ne peut qu'être saisi de vertige tant le discours du PS manque de corps. Une vraie peur du vide s'installe chez bon nombre de nos concitoyens quand ils tentent d'entrevoir des propositions alternatives du côté de la rue de Solferino.
Après l'épisode du Palais-Royal, il est grand temps de faire bouger la "Maison Royal"...