Loi, sécurité et inversion des valeurs
Rafles, Vichy, fascisme... que n'avons-nous entendu depuis quelques jours au sujet de la reconduite dans leur pays d'origine de Roms, personnes faisant partie d'un ensemble bien plus large appelé "gens du voyage" ! Autrement dit, de citoyens, européens pour la plupart dont une majorité de Français, qui ont fait le choix du nomadisme. Choix de vie éminemment respectable qui, pour autant, doit aussi s'exercer dans le respect des autres citoyens et des lois. Dans ce contexte troublé, où les mots prononcés n'ont plus de réel sens, on a même entendu un prêtre souhaiter, d'une certaine façon, la mort du Président de la République avant, il est vrai, de retirer son propos et de s'en excuser.
Tout cela illustre ce que François Baroin vient, à juste titre, de qualifier d'inversion des valeurs. A juste titre car la Loi de la République doit trouver à s'appliquer partout, au besoin grâce à l'intervention de la force publique. L'occupation illégale de terrains publics ou privés, au mépris des règles les plus élémentaires de vie en société, civilisée car régie par le Droit en l'occurrence d'origine républicaine, ne peut être tolérée. Pas plus, d'ailleurs, que les autres comportements répréhensibles ici et là constatés.
La politique de sécurité ne peut, ne doit pas être l'alpha et l'oméga de l'action gouvernementale, par définition et par vocation beaucoup plus large et diversifiée. Pour autant, la sécurité est une liberté fondamentale qui ne saurait souffrir des atermoiements et des faiblesses de nos dirigeants. Chacun se souvient des apparitions médiatiques de Daniel Vaillant, alors ministre de l'intérieur de Lionel Jospin... aux obsèques des policiers morts dans l'exercice de leurs fonctions. J'en garde un souvenir ému et un sentiment d'injustice lié à l'impéritie de la majorité de l'époque dans ce domaine pourtant essentiel.
Bien sûr, des améliorations et des ajustements sont à apporter à la politique conduite aujourd'hui, même si celle-ci a produit des résultats positifs qu'aucune personne de bonne foi ne peut réellement et durablement contester. Bien sûr, il faut demeurer à l'écoute des critiques qui pourraient se trouver renforcées si elles étaient accompagnées de propositions concrètes. Bien sûr, la définition d'orientations gouvernementales ne saurait se concevoir sans une perpétuelle remise en question.
Mais, de là à parler de "tâche de honte sur notre drapeau", il y a un pas qui n'aurait pas dû être franchi. C'est l'expression d'une rancune tenace doublée d'une ambition négative éloignée de la réalité et de la Raison. Un propos qu'un responsable politique digne de ce nom, connaissant le suffrage universel et regardant les Français dans les yeux, n'aurait pas pu tenir.