Martine sur France 2

Publié le par Julien Freyburger

Martine Aubry était hier l'invitée d'Arlette Chabot dans l'émission A vous de juger sur France 2. Au détour d'une question sur la baisse de la T.V.A. dans la restauration, la Première Secrétaire du PS a tenu des propos extrêmement durs à l'égard de cette profession, en condamnant sans autre forme de procès l'ensemble de ses représentants.

Le fait qu'une personnalité politique de premier plan s'exprime de cette façon m'a profondément choqué, pour deux raisons au moins.

La première tient à l'absence de nuance du propos tenu par la "dame des 35 heures" : il est inconcevable de jeter l'anathème sur tous les représentants d'une profession qui contribue grandement à l'économie de notre pays et qui, tout en travaillant beaucoup, a déjà subi de plein fouet les effets des lois Aubry sur la réduction du temps de travail. Cette attitude confine à l'acharnement.

La seconde raison est plus importante encore. Alors que nous traversons encore une période de crise économique sans précédent, il est dangereux voire suicidaire de critiquer de la sorte un pan entier de l'économie française en le reléguant au rang de simple exécutant des décisions gouvernementales. Certes, les effets attendus sur les prix pratiqués ne sont pas à la hauteur de ce que les pouvoirs publics et les clients pouvaient en attendre. Certes, des efforts significatifs doivent encore être fournis. Chacun en convient, à commencer par de nombreux professionnels de la restauration.

Mais, de grâce, agissons et exprimons les points de vue dans un esprit de responsabilité en évitant amalgames et condamnations par trop péremptoires. Ce n'est pas digne d'un débat public de qualité. Plus grave encore, cela démontre qu'au sein de l'appareil socialiste on ne se débarrasse pas facilement de ses mauvaises habitudes.

Publié dans En France et Ailleurs

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F
<br /> Mon cher Julien ,<br /> à force d'entendre et de lire les propos des représentants actuels de l'UMP je me demande si je ne vais pas ... voter à gauche aux prochaines élections .<br /> tout est la faute à la crise ... et à la gauche ...<br /> aucun début d'introspection , aucun début de remise en cause .<br /> notre pays est en faillitte , et vous en êtes à discuter des propos de Martine Aubry .<br /> le cadeau fiscal aux restaurateurs est une catastrophe pour notre budget national, c'est une erreur historique , ressemblant à s'y méprendre à l'erreur originelle du paquet fiscal .<br /> on file 3 milliards aux restaurateurs et on ponctionne les collectivités locales ( et je ne parle pas de la tentative en cours de hold-up concernant le mode de scrutin pour 2014 ...)<br /> le plus surprenant étant au sujet des collectivités , d'entendre les discours démago des élus UMP en région , et les comparer à leur attitude godillot à Paris .<br /> j'ai eu la chance d'être élu local dans une période faste, je n'envie pas les élus locaux actuels mon cher Julien .<br /> sur ce je te laisse , car je vais travailler plus ... pour ne rien gagner en plus !<br /> <br /> <br />
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J
<br /> <br /> Cher Fabrice, même si je ne partage pas l'ensemble de ton propos je suis surtout heureux de pouvoir te lire.<br /> Sur la forme, et malgré la crise que nous subissons tous, je pense que les positions de la responsable de la principale formation d'opposition méritent d'être commentées. Loin de moi l'idée<br /> consistant à dire qu'il s'agit là du principal sujet de préoccupation et de la façon la plus irréprochable de le traiter.<br /> Sur le fond, on ne peut pas, à mes yeux, pointer du doigt l'ensemble d'une profession : c'est irresponsable. Par ailleurs, nos déficits publics sont abyssaux, la situation s'est aggravée et nous<br /> sommes passés à côté du pire. J'ai trouvé la gestion de la crise par le gouvernement courageuse et salutaire pour notre pays.<br /> Sur la réforme territoriale, il faut distinguer mode de scrutin, suppression de la TP et répartition des compétences. De nombreuses interrogations subsistent, c'est vrai, et il faudra y répondre.<br /> Mais chacun s'accorde à dire qu'une clarification était nécessaire. Comme citoyen engagé, j'y réfléchis aussi et je vais y consacrer des développements sous peu.<br /> Les élus n'ont pas la tâche facile en ce moment et je te comprends quand tu évoques ton mandat, certainement plus épanouissant qu'aujourd'hui. La difficulté ne doit cependant pas nous décourager<br /> et je ne suis pas du tout certain que l'espoir vienne du PS plus tourné vers lui-même que vers l'avenir de la France.<br /> A bientôt le plaisir d'en parler de visu avec toi !<br /> <br /> <br /> <br />
L
<br /> Julien, je suis certain que vous connaissez des restaurateurs qui vous diront qu'aujourd'hui ils sont dans l'incapacité de baisser les prix et de recruter.<br /> <br /> Tout simplement parce que la baisse de la TVA a eu pour effet de leur permettre de refaire des marges qu'ils avaient vu peu à peu se réduire.<br /> <br /> Par ailleurs, en période de crise, même si les prix venaient à baisser sensiblement, rien ne garantit que les français vont se précipiter dans les restaurants. Par conséquent, comment exiger des<br /> restaurateurs qu'ils recrutent s'il n'y a pas plus de clients ?<br /> <br /> <br />
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J
<br /> <br /> La crise économique a une influence sur le comportement de l'ensemble des agents économiques. C'est normal et il faut en tenir compte. On ne peut en effet pas agir comme si rien ne s'était<br /> passé.<br /> <br /> Ceci dit, la restauration qui a connu un ralentissement sensible pendant la première partie de l'année 2009 va plutôt mieux aujourd'hui. Les clients n'ont pas renoncé à se rendre dans les<br /> restaurants même si la situation n'est pas exceptionnelle.<br /> <br /> D'où l'intérêt de ne pas perdre de vue les objectifs fixés tout en tenant compte du contexte économique. Il me semble que c'est le sens de l'intervention récente du président de la République sur<br /> ce sujet.<br /> <br /> <br /> <br />
L
<br /> En effet, dans cette histoire de baisse de la TVA, ce n'est pas la profession qui doit être critiquée (et en cela Martine Aubry est encore à côté de la plaque) mais bien le gouvernement français<br /> qui a pris cette décision coûteuse et inéfficace.<br /> <br /> <br />
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J
<br /> Je trouve votre jugement sévère même s'il peut être justifié aujourd'hui par des effets insuffisants. Il s'agissait d'une revendication de longue date fortement relayée dans l'opinion. On peut<br /> ajouter la disparité existant jusqu'à l'adoption de cette mesure entre la restauration rapide et la restauration dite traditionnelle qui se traduisait, concrètement, par un avantage accordé à une<br /> partie de la profession : en deux mots le fast food. Etait-ce équitable et satisfaisant ? Je ne le crois pas. Aujourd'hui, il faut que les engagements pris soient tenus, dans le domaine des prix et<br /> en matière de création d'emplois.<br /> <br /> <br />