Politique de l'immigration et Etat de Droit
Au coeur d'une conjoncture politique délicate pour le parti socialiste, plusieurs élus issus de ses rangs se sont emparés du thème de l'immigration à l'occasion de l'expulsion de trois Afghans du territoire national. Ainsi, la Députée de la huitième circonscription de la Moselle, Aurélie Filippetti, parle-t-elle d'une " politique de l'immigration inhumaine ".
Or, force est de constater que les règles applicables en la matière sont respectées, qu'elles soient de nature législative ou réglementaire. Les voies de recours juridictionnelles sont naturellement ouvertes aux personnes qui font l'objet d'une procédure d'expulsion, assistées en cela par plusieurs associations militantes reconnues. Et l'on pourrait aussi aborder le sujet de l'aide au retour dans le pays d'origine, à la fois matérielle et humaine. Le modèle français n'est peut-être pas la panacée mais il me paraît hasardeux et injuste de le qualifier d'inhumain.
Bien sûr, nos consciences sont heurtées par la situation que connaît l'Afghanistan, pays en état de guerre permanent. Néanmoins, l'épouvantable régime des talibans n'y a plus cours aujourd'hui et des élections s'y sont déroulées très récemment. Par ailleurs, les trois personnes ayant fait l'objet d'une mesure d'expulsion sont originaires de Kaboul, zone la moins affectée par les troubles et autres actes de guerre. Ne soyons pas candides pour autant : le danger est omniprésent, à des degrés divers.
Trois éléments me paraissent devoir être soulignés.
En premier lieu, la France a procédé à des expulsions sous le gouvernement Jospin, au moment même où le pouvoir taliban semait une terreur absolue dans ce pays.
En second lieu, le respect des règles et des procédures est consubstantiel de l'Etat de Droit qui, nul ne le conteste, est une réalité en France. L'application de la Loi permet en outre de déstabiliser les filières entretenues par des passeurs peu scrupuleux, véritables criminels des temps modernes.
Enfin, on ne fait pas de la politique sur la base de bons sentiments. Je comprends la gêne éprouvée par certains mais la responsabilité que confère la direction des affaires publiques ne permet pas de céder en toutes circonstances.
L'immigration est l'un des sujets les plus prégnants de nos sociétés contemporaines. Un consensus existe quant à la nécessité de définir une politique européenne rassemblant l'ensemble des Etats de notre continent. Un immense chantier à poursuivre dès maintenant.