Quinquennat présidentiel et progrès de l'Etat de Droit
A un moment où il est de bon ton pour l'opposition socialiste de critiquer sans aucune nuance le travail effectué par le gouvernement de François Fillon et la majorité présidentielle, sous l'impulsion de Nicolas Sarkozy, il me paraît utile de rafraîchir la mémoire de certains auteurs de ces critiques, qu'ils s'inscrivent dans une opposition ancienne ou bien dans une posture critique des plus récentes.
Loin de moi l'idée de tresser une couronne de lauriers à tel ou tel de nos responsables nationaux ou de sombrer dans un bête exercice d'auto-satisfaction qui n'aurait d'autre utilité que de faire éventuellement plaisir à quelques-uns. La période de crise traversée et malheureusement encore non achevée définitivement ne peut qu'inciter à la prudence et à la décence. Les détracteurs permanents de la majorité feraient bien de s'en inspirer plutôt que d'ajouter leur voix à un concert de sarcasmes et de griefs d'autant plus faciles qu'aucun gouvernement n'avait été confronté à de telles circonstances depuis plusieurs décennies.
Pour ma part, sans occulter certaines erreurs qui nécessitent des rectifications, j'ai la conviction profonde que la majorité a tenu fermement la barre du bateau France, permettant à ce dernier de ne pas connaître d'avarie majeure (ou fatal error en informatique) entraînant une perte de contrôle du navire. On ne peut malheureusement en dire autant de tous les pays qui nous entourent.
Parmi les avancées, il serait à mon avis profondément malhonnête de nier les progrès de l'Etat de Droit réalisés ces dernières années, Etat dans lequel personnes publiques et privées ont leurs activités déterminées et sanctionnées par le droit (selon une définition simple communément admise).
Pour la première fois depuis la Constitution du 4 octobre 1958, la très puissante Commission des Finances, de l'Economie générale et du Contrôle budgétaire de l'Assemblée Nationale est présidée par un député de l'opposition. Cette fonction confère à un parlementaire socialiste des moyens considérables d'action et de contrôle du budget de l'Etat, fruit des décisions prises par la majorité parlementaire.
De façon tout aussi novatrice, la Cour des Comptes est maintenant dirigée par un premier président lui aussi membre éminent de l'opposition. Quand on se penche, ne serait-ce que superficiellement, sur les pouvoirs dont dispose cette grande juridiction financière, on comprend mieux qu'aucune majorité n'ait eu cette audace dans le passé, d'autant que pour la première fois aussi, le budget de la Présidence de la République est régulièrement contrôlé par la Cour. Parmi d'autres avancées majeures, il n'est pas inutile d'ajouter que l'usage traditionnel des "fonds secrets" ou "fonds spéciaux" n'a plus cours aujourd'hui alors qu'il était largement utilisé par les différentes majorités jusque-là...
Ces évolutions, particulièrement nécessaires à notre temps démocratique, n'ont rien d'illusoire et ne relèvent pas du gadget jeté en pâture à une opinion publique souhaitant à juste titre que les libertés publiques progressent dans une démocratie dite "apaisée". Oui, l'Etat de Droit a progressé pendant ce quinquennat ! N'en déplaise à ceux qui aimeraient tant que le constat établi à son terme soit aussi négatif que leurs propos souvent peu inspirés.